Images et Messages

Je vous vois, collectif ArtLords, Kabuz Mokamel, Omaid Sharifi

L’image, vecteur de sens

Depuis le début de l’histoire de l’humanité, l’image est utilisée pour communiquer. Ces exemples se retrouvent jusqu’à il y a 12 000 ans, dans l’art pariétal (peinture réalisée à l’abri de grotte ou de roche) et rupestre (œuvre réalisée en extérieur, flanc de montagne, sol ou autre support dur souvent imposant). L’emplacement de ces œuvres indiquent une volonté de communiquer, qu’elles soient placées en évidence (à un croisement stratégique, sur un flanc de montagne) ou au contraire cachées dans des passages réservés aux initiés, les historiens de cette période s’accordent tous sur la volonté de communication derrière ces peintures. Si certaines semblent faciles à comprendre (lieux de chasse, etc.) la plupart restent encore difficiles à déchiffrer et sont toujours entourées de mystère.  

Cuevas de las Manos, Grotte des mains en Patagonie, période de réalisation estimée du XIIème siècle au VIème avant J-C
Cuevas de las Manos, Grotte des mains en Patagonie, période de réalisation estimée du XIIème siècle au VIème avant J-C 

Cette utilisation de l’image pour communiquer se retrouve dans les premières écritures. Les civilisations sumérienne et égyptienne donneront naissance aux premiers systèmes d’écritures dès 3 300 ans avant JC, respectivement connues aujourd’hui comme le cunéiforme et les hiéroglyphes.  

Si le cunéiforme est souvent montré dans sa forme plus moderne où les textes sont une succession de formes de coins (le nom cunéiforme signifie d’ailleurs, qui a la forme d’un coin), le cunéiforme est d’abord un langage pictographique. 

Cette spécificité se retrouve aussi chez les Egyptiens. En effet les hiéroglyphes sont souvent définis comme un système d’écriture figuratif ou pictographique. Les symboles qui composent ce système vont représenter un objet ou une action, un son ou parfois donner des indications quant à la manière de lire un texte. Par exemple, le sens de lecture qui peut varier est donné par la direction du regard des êtres humains et des animaux, toujours représentés tournés vers le début du texte. 

Acte de vente d'un esclave et d'une maison à Shuruppak, écriture cunéiforme
Acte de vente d’un esclave et d’une maison à Shuruppak, écriture cunéiforme
Hiéroglyphes, temple de Kôm Ombo
Hiéroglyphes, temple de Kôm Ombo

Si la plupart des écritures pictographiques appartiennent au passé, il en reste une encore d’usage aujourd’hui, le dongba. Aussi appelé tomba, cette écriture est utilisée pour transcrire le langage naxi parlé par le peuple du même nom. Les Naxis appartiennent à l’un des 56 groupes ethniques de Chine, majoritairement installés dans la région sud-ouest du pays et plus précisément dans la ville de Lijiang, où les panneaux sont souvent rédigés en dongba.  

Panneau en écriture Dongba
Panneau en écriture Dongba

Outre l’écriture, l’image a historiquement été utilisée à des fins éducatives. Au Moyen-Age, une grande partie de la population est analphabète et c’est par le biais de l’image que l’on va l’éduquer, notamment en matière de religion. C’est à travers cette volonté de transmettre des concepts théologiques parfois abstraits que l’on peut expliquer le manque de réalisme des œuvres de l’époque. Comme les dimensions des personnages représentés les uns par rapport aux autres, leur taille n’étant pas un reflet des règles de perspective mais de leur rôle dans le récit. Les œuvres constituant souvent le médium d’un discours et non une fin en soi. 

Histoire de filles sages, monastère de Gračanica Kosovo
Histoire de filles sages, monastère de Gračanica Kosovo 

Un exemple plus récent et international d’utilisation de l’image pour faire passer un message clair est celui des pictogrammes. Ces dessins souvent très simples ou stylisés ont pour but d’expliciter une information de façon rapide et claire. On retrouve leurs utilisations dans de nombreux domaines comme le code de la route, ou la signalisation de produits dangereux.  

L’exemple le plus actuel est probablement celui de la signalétique des Jeux Olympiques. Dès les premiers jeux de 1896 en Allemagne, quelques pictogrammes sont créés, mais c’est en 1964 lors de ceux organisés au Japon qu’un système complet de pictogrammes est réalisé pour l’occasion. En effet, les Jeux Olympiques attirant un grand nombre de visiteurs étrangers, le besoin d’orienter et d’aider le public autrement que par l’écriture se fait ressentir. Les éditions suivantes reprendront les pictogrammes et les adapteront en accord avec l’identité visuelle développée à chaque occurrence des Jeux. 

Pictogrammes des JO de Tokyo en 1964
Pictogrammes des JO de Tokyo en 1964
 Pictogrammes des JO Paris 2024
Pictogrammes des JO Paris 2024 

Art et propagande  

Si une entité a compris et utilisé le pouvoir de l’image c’est bien celle du pouvoir. On parle ici d’art de propagande et on la retrouve dès les civilisations antiques. L’art fait alors partie des outils pour représenter l’autorité en place, des monnaies frappées du visage du souverain aux portraits royaux. Beaucoup de ces représentations sont toujours connues aujourd’hui et évoquent encore les mythes et histoires englobant ces figures emblématiques.  

Pièce à l'effigie de César, 44 avant JC
Pièce à l’effigie de César, 44 avant JC 
Portrait de Louis XIV, Hyacinthe Rigaud, 1701 - 1702
Portrait de Louis XIV, Hyacinthe Rigaud, 1701 – 1702 

C’est au cours du XXème siècle que le terme “propagande” revêt une signification plus péjorative, notamment par l’usage qui en sera fait dans le cadre des Guerres mondiales. La propagande est alors vue comme un ensemble de techniques de persuasion et d’endoctrinement de la population afin de la faire adhérer à une idéologie.  

Pendant la Première Guerre mondiale, de nombreux pays créent des bureaux de propagande (Committee on Public Information aux Etats-Unis, Bureau de le Propagande de Guerre en Grande-Bretagne, etc.) et l’image joue un rôle important dans leurs stratégies de communication, certaines affiches créées à cette période sont encore très connues aujourd’hui.  

Affiche pour encourager le soutien financier des Français à l'effort de guerre, société des amis des artistes, 1915
Affiche pour encourager le soutien financier des Français à l’effort de guerre, société des amis des artistes, 1915
Affiche américaine de recrutement de la Première Guerre mondiale, vers 1917, James Montgomery Flagg
Affiche américaine de recrutement de la Première Guerre mondiale, vers 1917, James Montgomery Flagg 

Ce phénomène s’étend et s’accentue au fil du XXème siècle. De nombreuses campagnes et affiches viennent soutenir les gouvernements pendant les périodes de guerres, mais aussi dans leurs directives gouvernementales. 

Poster du gouvernement japonais pour encourager l'émigration au brésil, début XXe, ”Allons en Amérique du Sud avec toute la famille"
Poster du gouvernement japonais pour encourager l’émigration au brésil, début XXe, ”Allons en Amérique du Sud avec toute la famille« 
Poster de recrutement de l'armée russe pendant la guerre civil, 1920, ”Pourquoi n'être vous pas engagé ?”
Poster de recrutement de l’armée russe pendant la guerre civile, 1920, ”Pourquoi n’êtes vous pas engagé ?” 

Si jusqu’à la fin des années 70 la plupart des syndicats et partis politiques possèdent un service de propagande, ces derniers seront finalement renommés “service de communication” ou “communication politique” pour palier à l’image négative du terme, fortement lié aux techniques des régimes totalitaires. Cette connotation est renforcée par la Seconde Guerre Mondiale et par le ministre allemand de la propagande Joseph Goebbels, qui appliquera notamment une politique de déshumanisation des ennemis de son régime. 

Aujourd’hui, si les techniques de propagande ont changé de nom et de forme, elles restent présentes. Encore très marquée dans les pays où l’information restent fortement contrôlée, la propagande se fait plus diffuse dans les démocraties où les libertés de presse et de parole sont valorisées, laissant ainsi une voix à l’opposition. 

Panneaux de propagande, “La Russie ne commence pas les guerres, la Russie y met fin”, ”Nous voulons la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine”, photo de Alexey Pavlishak, agence Reuters, mars 2022
Panneaux de propagande, “La Russie ne commence pas les guerres, la Russie y met fin”, ”Nous voulons la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine”, photo de Alexey Pavlishak, agence Reuters, mars 2022 
Affiches de propagande à Pyongyang (Corée du Nord), photo de Reinhard Krause, agence Reuters, octobre 2005
Affiches de propagande à Pyongyang (Corée du Nord), photo de Reinhard Krause, agence Reuters, octobre 2005

L’art engagé dans l’histoire 

En réponse à cet art de propagande on trouve un art engagé, militant. Le militantisme traduit un engagement à une cause morale. On trouve des traces de militantisme dès l’antiquité, la littérature et le théâtre ont toujours été des lieux privilégiés de ces discours. Cependant le militantisme dans l’art iconographique n’apparaît que plus tard. Les artistes sont soumis aux commandes de mécènes et du pouvoir, ainsi la critique faite de ces différentes figures d’autorité est peu présente et discrète. Plusieurs de ces œuvres sont tombées sous la coupe de la censure, comme la représentation d’un épisode de la bible par Pierre Bruegel l’Ancien, Le Massacre des innocents, dans lequel Hérode ordonnera l’assassinat de tous les enfants de moins de 2ans de Bethléem. 

Le Massacre des innocents, Pierre Bruegel l’Ancien, 1565 

L’artiste adapte cette scène biblique d’une grande violence en l’ancrant dans son époque. La scène se déroule dans un village flamand du XVIème siècle et fait écho aux violences causées par la répression des révoltes protestantes. L’œuvre est des plus graphique et présente des corps d’enfants ensanglantés. Elle sera censurée par l’empereur Rodolphe II de Habsbourg au début du XVIIIème siècle, le tableau est alors altéré pour transformer le massacre en scène de pillage. 

La Guerre de Trente Ans1 donne lieu à la création de plusieurs œuvres pacifistes, une des plus connues est probablement celle de Pierre Paul Rubens, Les Horreurs de la guerre. Pour établir cette critique, Rubens fait appel à une allégorie. Dans cette toile aux références mythologiques, le spectateur voit Mars, dieu de la guerre, avancer impitoyablement face à la détresse et aux suppliques de Vénus et Europe. Cette représentation détournée du conflit qui déchire l’Europe permet à l’artiste d’exprimer son écœurement face à la guerre et son désir de pacifisme. 

Les Horreurs de la guerre, Pierre Paul Rubens, 1637
Les Horreurs de la guerre, Pierre Paul Rubens, 1637 

A partir du XVIIIème siècle, on dénote une augmentation des œuvres engagées. Le développement de la presse et de l’imprimerie marque l’avènement de la caricature, biais de critique des autorités encore régulièrement utilisée.

En France, c’est notamment avec la Révolution que l’on observe une bascule dans le rôle de l’artiste. De plus en plus d’œuvres d’art sont porteuses de messages et d’idées qui vont parfois à l’encontre de l’autorité, voire carrément révolutionnaires.  

En 1795, Jean-Baptiste Regnault présente La Liberté ou la Mort. Dans cette toile l’artiste représente trois personnages qui fixent le spectateur. Au centre l’allégorie de la France, aux ailes teintées de rouge et de bleu, ouvre les bras à une allégorie de la liberté portant haut un bonnet phrygien, symbole de révolution, et à celle de la mort tenant une couronne de laurier, symbole de victoire. Le message de l’artiste est clair, la lutte pour la République mérite tous les sacrifices, même le plus ultime. 

La Liberté ou la Mort, Jean-Baptiste Regnault, 1795
La Liberté ou la Mort, Jean-Baptiste Regnault, 1795 

En 1814, c’est Francisco de Goya qui mettra en avant la résistance d’un peuple face à un oppresseur dans ses toiles Le deux Mai et Le trois Mai. Dans ce diptyque l’artiste raconte le soulèvement de la population de Madrid face aux français, mais ce combat est inégal et donnera lieu à l’exécution des insurgés le lendemain. Si ces toiles sont commandées par le roi d’Espagne Ferdinand VII, elles permettent aussi à Goya de commémorer un soulèvement d’initiative populaire. 

Le deux Mai, Francisco de Goya, 1814
Le deux Mai, Francisco de Goya, 1814 
Le trois Mai, Francisco de Goya, 1814
Le trois Mai, Francisco de Goya, 1814 

A la même époque, Théodore Géricault présente Le Radeau de la Méduse, qui relate un évènement tragique survenu en 1816. Un navire militaire comptant 150 membres d’équipage fut abandonné après son naufrage par le capitaine nommé par le gouvernement français. L’équipage se réfugia alors sur un radeau mais cette tentative se solda par la mort de la majorité d’entre eux, noyade, maladie et cannibalisme ne laisseront que dix hommes réchapper de cet accident. L’évènement choque beaucoup le public qui blâme le gouvernement, ce dernier tente en réponse d’étouffer l’affaire.  

La toile est présentée au Salon de 1819 où elle sera mal accueillie. Très critiquée par les royalistes, le sujet de la toile monumentale choque beaucoup. Cependant, certains y décèlent une critique ouverte de Louis XVIII ainsi qu’une allégorie de la dérive du gouvernement entraînant la France vers un naufrage. D’autre part, l’œuvre présente un autre type d’engagement de la part de l’artiste, le choix de placer un homme noir au sommet de cet amoncellement de corps en détresse est un message clair de l’opposition de Géricault à l’esclavagisme.  

Le Radeau de La Méduse, Théodore Géricault, 1819
Le Radeau de La Méduse, Théodore Géricault, 7,16 m de large par 4,91m de haut, 1819 

Art militant et avant-garde 

Le véritable avènement de l’art engagé prend son essor au XXème siècle en réponse au développement de la propagande. C’est à cette époque qu’on voit la notion d’art militant se créer pour désigner les œuvres prenant position contre les régimes totalitaires et les grandes injustices sociales.  

Au début du XXème, ce sont les mouvements de l’avant-garde artistique qui prennent à cœur de dénoncer les guerres mondiales, le mouvement le plus emblématique de cette démarche est probablement le courant Dada (cliquez ici pour lire l’article dédié).

Parmi les acteurs emblématiques de ce mouvement on trouve John Heartfield surnommé “Monteurdada”. Créateur de nombreuses images engagées qui seront publiées dans les revues du mouvement, son militantisme l’obligera à quitter l’Allemagne en 1938.  

Adolf le Surhomme, Avale de l'Or et Recrache des Insanités, John Heartfield, 1932 
Adolf le Surhomme, Avale de l’Or et Recrache des Insanités, John Heartfield, 1932 

L’horreur de la guerre est un sujet récurrent, beaucoup d’artistes s’empareront du sujet afin d’en dénoncer l’horreur. Surtout dans ce siècle marqué par des conflits mondiaux et de nombreuses guerres d’indépendance. Otto Dix, après avoir participé à la Première Guerre mondiale dans l’armée allemande, est traumatisé et produira de nombreuses œuvres sur l’horreur de la guerre, en particulier les “gueules cassées”. 

La Guerre, Otto Dix, 1929-1932
La Guerre, Otto Dix, 1929-1932 

Une autre toile aujourd’hui célèbre et souvent présentée comme un manifeste pacifique, n’est autre que Guernica. Créée pour dénoncer les horreurs des affrontements militaires, Picasso s’attaque avec cette toile à la guerre civile espagnole et plus particulièrement aux bombardements de la ville de Guernica. Cet épisode marqua particulièrement les esprits puisqu’il fut démontré que cette attaque n’avait été menée que dans le but de terroriser des civils, une usine de matériaux militaires et des baraquements aux abords de la ville n’ayant pas été visés.  

Guernica, Pablo Picasso, 1936 

L’esprit contestataire affirmé des artistes du XXème est observable à l’international, au Mexique Tina Modotti est très engagée dans la révolution de son pays natal. Tout comme Frida Kahlo (cliquez ici pour lire l’article dédié), cette artiste utilise des symboles fort du Mexique et de la révolution dans plusieurs de ses œuvres. Dans la photographie présentée ci-dessous, la cartouchière croisée à la serpe et aux maïs renvoie à la lutte de la population rurale et à leurs combats. La serpe fait aussi écho au communisme, idéologie défendue par l’artiste.  

Cartouchière, faucille et épis de maïs, Tina Modotti, 1927
Cartouchière, faucille et épis de maïs, Tina Modotti, 1927 

Aux Etats-Unis, on retrouve de fortes tendances contestataires dans les milieux de l’art. Le mouvement de contre-culture des années 60 (cliquez ici pour lire l’article dédié) peut être lié à plusieurs de ces revendications.  

L’artiste emblématique du mouvement Pop-art, Andy Warhol prendra notamment position contre la peine de mort. Beaucoup de sujets sociaux sont abordés comme le racisme, les inégalités sociales et l’opposition à la guerre du Vietnam2. Des artistes vont jusqu’à détourner des affiches de propagande célèbres pour dénoncer ce conflit et le rôle qu’y joue les Etats-Unis. 

Grande chaise électrique, Andy Warhol 1968
Grande chaise électrique, Andy Warhol 1968
I want out, Committee to Unsell the War, 1971
I want out, Committee to Unsell the War, 1971 

Parmi les acteurs de cette contestation artistique on trouve Emory Douglas qui utilisera ses talents pour créer l’identité visuelle du mouvement Black Panther Party et qui est à l’origine de la plupart des couvertures et créations graphiques présentées dans le magazine contestataire The Black Panther. 

Collage de Emory Douglas, magazine The black Panther, Septembre 1974
Collage de Emory Douglas, magazine The black Panther, Septembre 1974 

Art contestataire aujourd’hui 

Actuellement, l’un des modes d’expression qui se portent le plus à l’art contestataire est probablement le Street-Art. En effet, prendre la rue comme galerie permet d’atteindre une cible beaucoup plus large que les seuls musées et galeries. Relayées par les réseaux sociaux, ces œuvres éphémères touchent un grand public. 

C’est à la fin du XXème siècle que des artistes de renom s’emparent du street art pour porter leurs causes. En France, on peut parler de Ernest Pignon-Ernest, qui affichera ses sérigraphies dans des lieux qui résonnent avec ses créations. Son couple Les expulsés sera marouflé sur de nombreux murs parisiens voués à la destruction suite aux rachats de promoteurs immobiliers ayant racheté certains des quartiers populaires de la capitale. 

Les expulsés, Ernest Pignon-Ernest, 1977
Les expulsés, Ernest Pignon-Ernest, 1977 

Aux Etats-Unis Keith Harring est célèbre pour son utilisation de l’espace public. L’artiste est aujourd’hui connu pour son engagement autour de nombreuses causes sociales comme les inégalités, l’homophobie, les dangers de la religion et la prévention vis à vis de la drogue et du sida. 

Crack is Wack, Keith Harring, quartier de Harlem 1986 

Aujourd’hui, le street art reste souvent illégal, même si des artistes réputés reçoivent parfois des commandes officielles. Parmi les plus connus on trouve Banksy, dont l’identité est toujours inconnue et Obey, de son vrai nom Shepard Fairey, connu notamment pour son œuvre Hope créée pendant la participation de Barack Obama aux élections présidentielles américaine de 2008.  

Ces deux street-artistes à la renommée mondiale sont réputés pour leur engagement dans de nombreuses causes tant sociales que politiques. Leurs œuvres sont toujours rapidement diffusées à l’international grâce à la presse et aux réseaux sociaux. 

Faites de l'art par la guerre, Obey, Shepard Fairey
Faites de l’art par la guerre, Obey, Shepard Fairey 
I Remember when all this was trees, Banksy, 2010
I Remember when all this was trees, Banksy, 2010 

Les œuvres de street art se retrouvent dans le monde entier, même dans les pays où la répression face à cet art contestataire est très forte. On pourra citer en exemple le collectif Artlords installé à Kaboul, capitale de l’Afghanistan, dont l’une des fresques a été choisie comme couverture de ce dossier.  

Collectif Artlords, Kaboul

Le collectif a réalisé plus de deux milles créations dont la plupart n’existe plus aujourd’hui que sous forme de photo, afin de promouvoir la paix et la défense des droits humains. Si des membres de ce groupe sont toujours en train de mener des actions dans le pays, plusieurs ont dû s’exiler avec leurs familles pour fuir les Talibans.  

En Afghanistan de nombreux artistes sont menacés pour leur travail de dénonciation, c’est aussi le cas de Aman Mojadidi qui s’attaque à la politique de son pays d’origine à travers des œuvres détonantes.  

Un jour dans la vie d'un gangster djihadiste après une longue journée de travail, Aman Mojadidi 2010
Un jour dans la vie d’un gangster djihadiste après une longue journée de travail, Aman Mojadidi, 2010 

L’art militant s’étend partout dans le monde pour lutter contre les inégalités et de nombreux problèmes sociétaux sont ainsi adressés. Les réseaux sociaux assurent la diffusion large et rapide de ces œuvres tout en conservant l’anonymat de l’artiste si nécessaire.  

Ainsi de nombreux sujets sont abordés et répondent souvent à l’actualité avec une vitesse surprenante. Les artistes s’emparent de tous les sujets, des drames survenus pendant la préparation des Jeux Olympiques de Rio, à la guerre en Ukraine en passant par la fin du droit à l’avortement dans plusieurs états des Etats-Unis et les pandémies mondiales ; l’art est un moyen d’expression contestataire extrêmement présent dont la diffusion internationale est assurée par internet.  

œuvre de soutien à l'Ukraine, Seth, avril 2022
Seth, avril 2022
Projet Giant, JR, Rio 2016
Projet Giant, JR, Rio 2016 
Caitlin Blunnie, Liberal Jane, (instagram)
 Malika Favre
Malika Favre, (instagram)
Restez à la maison, Mathieu Persan, 13 mars 2020
Restez à la maison, Mathieu Persan, 13 mars 2020
Restez à la maison version allemande, Mathieu Persan, 13 mars 2020
version allemande

Certaines causes sont aujourd’hui devenues extrêmement cruciales et la contestation qui les entoure possède une ampleur telle qu’en plus des artistes, des campagnes de sensibilisation sont mises en place par différentes organisations et associations. C’est notamment le cas de l’écologie. 

Mancha, Pejac, 2011
Mancha, Pejac, 2011
Support, Lorenzo Quinn, 2017
Support, Lorenzo Quinn, 2017 
Fausse publicité mise en place pendant la Cop21 à Paris par le collectif Brandalism, 2015
Fausse publicité mise en place pendant la Cop21 à Paris par le collectif Brandalism, 2015
Campagne de la WWF par Noma Bar  
Campagne WWF, Les ordures peuvent être recyclées, pas la nature
Campagne WWF, Les ordures peuvent être recyclées, pas la nature 
Campagne de sensibilisation à la protection de la nature, association Robin Wood
Campagne de sensibilisation à la protection de la nature, association Robin Wood 
Campagne de sensibilisation contre la déforestation, fondation Sanctuary Asia
Campagne de sensibilisation contre la déforestation, fondation Sanctuary Asia 

Malheureusement, le sujet choisi pour ce dossier est suffisamment vaste pour lui consacrer des ouvrages entiers, et nous n’avons pas pu traiter toute l’ampleur de ce dernier. Il existe de nombreux arts et artistes engagés que nous n’avons pu citer et ces manifestations sont loin de se cantonner au domaine de l’image ! Musique, cinéma, littérature, danse… Tous ces domaines et bien d’autres peuvent être porteurs de révoltes et de dénonciations.  

N’hésitez pas à nous faire part de vos œuvres et artistes engagés préférés dans les commentaires, peut-être pourra-t-on consacrer un autre article sur ce thème ! Dans tous les cas, toute l’équipe okprod sera ravie d’échanger avec vous ! 

En attendant, si vous avez envie de vous essayer à la création d’affiches percutantes, nous vous conseillons ce tuto !  

On attend vos commentaires et créations avec impatience sur nos réseaux sociaux avec le #OKPROD et sur notre serveur discord

A très vite sur Okprod !

Image de couverture, Je vous vois, collectif ArtLords, Kabuz Mokamel, Omaid Sharifi 

  1. La Guerre de Trente Ans s’étend de 1618 à 1648 et implique l’ensemble des puissances européennes. ↩︎
  2. La date du début de conflit de la guerre du Vietnam est souvent située en 1955, le conflit s’achève en 1975. ↩︎